Les statues de Saint Isidore dans les églises et les chapelles / Reconstituer l’univers visuel des vêtements

On trouve, dans le pays vannetais, une assez forte concentration de statues en bois polychrome représentant Saint Isidore de Séville.

Il prend place aux 17e et 18e siècles sur les retables, ces grands décors colorés qui surplombent les autels des églises et des chapelles.

Il devient le saint des laboureurs, protecteur des récoltes, porte une faucille et des épis de blé : « San Izidor oe labourer, servitour bras en ur maner , Saint Isidore était laboureur , il apportait de grands services dans le manoir », dit une complainte vannetaise. C’est un saint populaire, revêtu des vêtements des paysans riches.

Quelles connaissances peuvent nous apporter ces statues pour l’étude des vêtements ?

Comme le précise M.-D. Menant « une étude des couleurs des costumes est délicate, car les statues ont généralement reçu plusieurs couches de peinture depuis leur création ». Les couleurs visibles aujourd’hui révèlent des choix chromatiques datant des 19e et 20e siècles, issues de restaurations plus ou moins rigoureuses, et ne reflètent que très rarement les couleurs des 17e et 18e siècles, dates de la création de la statue.

Les formes de vêtements de ces statues varient énormément dans le pays vannetais — à l’exception du sud du Vannetais où elles restent très homogènes.

Bien-sûr, les sculpteurs de ces différente statues peuvent être les mêmes — parfois originaires de la paroisse — et les paroisses s’inspirer entre elles.

Le laboureur vannetais s’identifie à ce saint, le costume est sculpté avec soin et réalisme.

Statue de Saint Isidore de l’église Saint-Cornély à Carnac

Regardons attentivement le Saint Isidore de l’église Saint-Cornély en Carnac, attribué au sculpteur Martinet, daté de 1670-1680.

Les pièces majeures du costume masculin du 17e siècle apparaissent : la superposition d’un gilet fermé et de vestes de couleurs différentes sur la chemise ; les boutons nombreux ; une ceinture large à boucle ; des bragou berr, des guêtres et des souliers de cuir.

Statue de Saint Isidore de la chapelle Saint-Nicodème à Quéven

Sur le Saint Isidore de la chapelle Saint-Nicodème en Quéven, daté du 18e siècle, on distingue plusieurs couches de couleurs d’époques différentes.

On regardera le travail du col et les bragou braz, culottes larges emblématiques de la tenue paysanne masculine. Si l’on ne peut pas se fier aux couleurs, la forme des pièces est vraisemblablement fidèle.

Le vêtement est représentatif du statut social du laboureur, incarné par les Saint Isidore.


Citer cet article : Mouret S. (2018). Les statues de Saint Isidore dans les églises et les chapelles / Reconstituer l’univers visuel des vêtements. Blog Culture(s) de Bretagne [en ligne]. Mise à jour le 22 septembre 2018. URL : https://www.bretagnes.fr/cultures-bretagne/les-statues-de-saint-isidore-dans-les-eglises-et-les-chapelles-reconstituer-l-univers-visuel-des-vetements

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